18/02/2019. La première conférence d’Edoardo Costadura. Dante romantique (Allemagne, Italie, France)

La première conférence d’Edoardo Costadura,
professeur à l’Université Friedrich Schiller de Iéna (Allemagne)
 
Master Lettres (dir. Brigitte Félix, Françoise Simasotchi), pendant le séminaire de Jean-Nicolas Illouz :
 
Lundi 18 février, 15h.-18h.
Salle B 231
 
Dante romantique
(Allemagne, Italie, France)
 
Le poète florentin Dante Alighieri (1265-1321) a acquis assez tôt le statut d’ « auteur », au sens fort et étymologique du terme, voire de « classique », au point notamment que la Divine Comédie (la Commedia) a fait très tôt l’objet de commentaires savants au même titre que les classiques grecs et latins, voire l’Écriture. Toutefois, Dante est loin d’avoir toujours fait l’unanimité. La réception de son œuvre, en Italie et en Europe, est jalonnée par des ruptures. À la Renaissance, époque à laquelle la Commedia est une des œuvres les plus éditées et commentées (par Landino, par Vellutello, etc.), la querelle sur la langue littéraire italienne (la « questione della lingua ») se solde par la victoire du classicisme de Bembo prônant comme modèles Pétrarque (pour la poésie) et Boccace (pour la prose). Dante, poète hors norme, ne saurait être normatif. Il constitue ainsi le cas paradoxal d’un auteur canonique mais tout sauf exemplaire. Aussi la Renaissance marque-t-elle le début d’une longue « éclipse » de Dante, en Italie et en Europe. Au XVIIIe siècle, la Commedia finit par être reléguée parmi le fatras « gotique » et barbare que les Lumières entendent vouer aux gémonies. La redécouverte de Dante par les Romantiques d’Iéna, à la fin du XVIIIe siècle, n’en est que plus spectaculaire. Pour les frères Schlegel, pour Schelling et plus tard pour Hegel, Dante est le premier poète « romantique », c’est-à-dire le premier poète moderne de la littérature européenne. Ce tour de force, qui consiste à exhumer Dante des « ténèbres du Moyen Âge » pour le placer à l’orée de la Modernité, va orienter la réception de son œuvre, notamment de la Commedia, d’abord au sein du Romantisme, en Allemagne, en Italie et en France – et loin au-delà, jusqu’à aujourd’hui. Le cours entend d’une part retracer l’histoire de cette « renaissance » dantesque et, d’autre part, en élucider les prémisses et les implications théoriques. Par ce biais, on sera amené à reposer la question du Romantisme européen.
 
 
Programme. 18 février – 16 mars 2019