Présentation

L’UR Fabrique du littéraire (abrégé en Fablitt, ancienne EA 7322) fait de l’étude de la matérialité de la production littéraire et des différents imaginaires portés par les cultures littéraires le cœur de ses activités de recherche.

S’inscrivant dans l’héritage de l’équipe « Littérature, histoires, esthétique » à laquelle elle succède, l’UR se tourne aussi résolument vers la recherche-création en littérature.

Trois orientations majeures caractérisent le travail de ses membres et forment les trois grands thèmes de recherche de l’unité :

  • un dépassement de l’histoire littéraire traditionnelle pour favoriser d’autres récits, que ceux-ci contestent l’épistémologie historique ou qu’ils favorisent des approches décentrées. Thème « Archéologies du contemporain »
  • un prolongement dans le champ de la recherche des avancées permises par le master de création littéraire de l’Université Paris 8, d’une part en produisant une théorie de la création littéraire, d’autre part en expérimentant les formes de recherche propres à la création littéraire. Thème « Pratiques et théories de la création »
  • un approfondissement et un renouvellement de l’identité historique de notre équipe profondément marquée par la réflexion politique. Thème « Politiques de la littérature »

Parallèlement à ces trois thèmes et en résonance avec les pratiques d’un certain nombre de ses membres (création, production, édition, médias), l’UR lance un thème transversal et exploratoire sur la curation littéraire.

La Fabrique du Littéraire souhaite ainsi être un site de recherche-création, d’expérimentation, de recherche-action sur les cultures littéraires, qui participe à en renouveler les savoirs.

Forte d’une trentaine de membres titulaires et associé.e.s elle accueille environ 80 doctorant.e.s. Rattachée à l’ED 31 (École doctorale « Pratiques et théories du sens ») et associée à l’EUR ArTeC, elle entretient des relations de travail privilégiées avec le Nouveau Collège d’études politiques (NCEP). L’unité est localisée dans la Maison de la Recherche à l’université Paris 8 à Saint-Denis : salles 118,119, 120.

L’UR 7322 est le résultat de la fusion de deux unités à l’occasion du contrat quinquennal 2014-2018. Les deux unités en question sont les EA 1575 « Recherches sur la pluralité esthétique » et 1579 « Littérature et histoires ». La première organisait sa réflexion sur la pluralité des arts autour des notions fondamentales de l’esthétique, sur la considération des méthodes, des pratiques et des œuvres avec toujours pour souci de relancer une proposition critique sur l’idée d’art, et de cerner - dans sa complexité - la notion même d’esthétique. La seconde envisageait la littérature au prisme de différentes « histoires » : histoire des idées et des savoirs, histoire des formes et des genres, histoire politique et sociale, histoire de l’art et des représentations, histoire de l’Histoire, histoire des œuvres et des lectures qui en sont faites... Cette attention aux histoires concurrentes, et aux multiples résonances du champ littéraire dans les autres champs de la pensée et des sciences humaines, est toujours articulée à une attention au travail propre des formes de l’écriture.

L’idée de la fusion découle des affinités qui les unissaient, affinités centrées sur les concepts de théorie, d’histoire et d’esthétique. Il est clair que jusqu’ici ces concepts ont été travaillés respectivement dans des directions différentes : historique, philosophique ou comparatiste. Mais ces directions ne coïncident nullement avec chaque projet d’unité : leur croisement, en ses multiples implications, constitue la question commune aux forces en présence. Parfois les mêmes auteurs, philosophes et écrivains, ont fait l’objet des recherches et travaux des deux unités ; mais jusqu’à présent, sous des angles différents et sans que toutes les synergies possibles aient pu se développer pleinement. C’est cette perspective qui donne son sens à la fusion. Il convient d’ajouter que des liens de chercheur à chercheur existaient depuis longtemps entre les unités. Leurs directeurs se sont rapprochés ces dernières années par leur travail commun dans l’école doctorale (ED 31).

De par la vocation pluridisciplinaire et l’orientation théorique des deux unités fusionnantes, la nouvelle unité s’engage dans une redéfinition des champs de recherche traditionnels et un renouvellement des propositions critiques, notamment par la mise en relation de disciplines peu habituées à dialoguer. Dans le même temps, la forte caractérisation du côté du « contemporain » propre aux deux ex-unités réfigure une accentuation de la recherche dans ce domaine. Enfin, le nombre important d’acteurs de la création contemporaine dans l’unité, qu’il s’agisse de romanciers, de dramaturges, de producteurs d’émissions de radio ou de films, d’analystes politiques, d’essayistes ou de poètes, constitue une force qui nourrit l’ensemble des travaux de recherche et l’invention de perspectives théoriques. Force qui contribue d’ores et déjà à inventer des dispositifs originaux (colloques couplés à une exposition, ateliers de la mémoire, ateliers de création littéraire, films, etc.) permettant de faire mieux vivre et mieux penser l’expérience de la création. 

 

 

Axes de recherche : 

 

1) Archéologies du contemporain

Il s’agit, dans ce premier thème, de mettre en valeur l’originalité de notre relation aux œuvres du passé abordées non dans la perspective d’une histoire littéraire mais par une approche archéologique, à partir du présent. L’originalité de ce thème est de réunir, autour d’une vision méthodologique et épistémologique du contemporain, des chercheurs dont les objets vont de la littérature antique à la période actuelle, puisque le contemporain n’est plus entendu comme une simple époque historique. Trois directions principales sont dégagées : l’actualisation des textes littéraires, leur transmission et leur circulation.

 

2) Pratiques et théories de la création

Dans ce thème, sont associées plusieurs approches sur la création que mènent ensemble écrivains et théoriciens au sein de notre équipe :

la « création littéraire » ou recherche-création en littérature. Notre équipe a accueilli les premiers doctorant-es dans cette discipline naissante en faisant le lien avec le master création littéraire de l’Université Paris 8 qui est la plus importante formation de la sorte en France.

la réflexion philosophique : le séminaire « Philosophie, arts et littérature » accueille des théoriciens venant de plusieurs disciplines.

Ce thème garde la mémoire des approches théoriques que notre équipe a inventées et/ou fait rayonner : la génétique, la poétique et la sémiotique.

 

3) Politiques de la littérature

Ce thème, qui rassemble les travaux de plusieurs chercheurs de l’unité, est orienté dans deux directions principales :

Recherches sur la violence extrême : Il s’agit dans ce thème de travailler sur des situations historiques où un grand nombre de personnes ont été exécutées ou soumises à des traitements déshumanisants – physiquement, psychologiquement, culturellement –, d’étudier les productions littéraires et artistiques auxquelles ces situations ont donné naissance, ainsi que les nouveaux concepts et modèles que cette étude rend nécessaires.

Les recherches portent à la fois sur les meurtres de masse – en particulier les « génocides » – et sur les multiples formes que peut prendre sur un plan collectif la destruction psychologique et culturelle, en particulier dans la sphère des anciennes colonies.

Écopolitiques littéraires : Ce thème, nouveau dans les activités de l’unité, s’appuie sur les recherches déjà en cours depuis plusieurs années sur la représentation des rapports entre non-humains (en particulier les animaux), pour promouvoir une dynamique plus large autour de l’éco-critique. Notre unité espère jouer un rôle pionnier dans la mobilisation des interprétations littéraires pour aider nos sociétés à comprendre les enjeux de nos rapports à nos divers environnements. Cela prendra trois formes principales. Il s’agira en premier lieu de revisiter les textes du passé et du présent pour y chercher, par les moyens spécifiques de l’interprétation littéraire, des intuitions, des dénonciations, des sagesses relatives à l’insertion de nos existences au sein de leurs milieux « naturels », ce qui implique bien entendu de contribuer au questionnement à long terme sur la notion même de « nature ». Il s’agira aussi, plus largement, de mobiliser les ressources de la littérature pour décliner nos sensibilités environnementales selon les « trois écologies » articulant nos milieux biologiques avec nos milieux socio-politiques et nos milieux mentaux, travail d’articulation au sein duquel l’attention littéraire nous semble pouvoir jouer un rôle de modèle. Il s’agira enfin de participer activement, par la recherche savante comme par la création littéraire, à la constitution de nouvelles sensibilités tentant de relever les défis politiques de « l’anthropocène », en réponse aux destructions entraînées par le développement du capitalisme écocidaire, avec la conviction que les activités littéraires peuvent jouer un rôle important dans les nécessaires métamorphoses mentales, sociales et politiques en cours.

Thème transversal « Curation littéraire »

L’UR Fablitt travaille également à un projet transversal aux trois thèmes sur la curation littéraire. La curation littéraire est aux fondements d’une tradition littéraire centrée sur le réagencement de l’existant plutôt que sur la création ex-nihilo ; elle est au cœur des pratiques éditoriales (constitutions de catalogues, de lignes éditoriales, éditorialisation) et de l’histoire du livre ; elle est la condition même de la littérature hors-livre ; elle rassemble de nouvelles activités et de nouveaux métiers (directeurs de festival, directeur littéraire etc.). Mais surtout, c’est la proposition que ce programme transversal souhaite faire, elle est une des modalités de la recherche sur la littérature, à la fois sur son histoire et son actualité.