Donner de la voix : slogans et chants contestataires, Sandra Bornand et Zoé Carle (dir.)
Crédits : Gustave Deghilage
Sous la direction de Sandra Bornand et Zoé Carle
Note de la rédaction
« 49.3 c’est le Barça », « On roule sur quoi ? Sur le patriarcat ! », « Ni Una Menos » (Pas une de moins), « ṣawt əš-šəɛb əlli məqmūɛ » (Au nom du peuple qui est opprimé), « Una mattina mi son alzato / o bella, ciao ! bella, ciao ! Bella, ciao, ciao, ciao ! » (un beau matin, je me suis levé /… », « Vinceremos » (nous vaincrons), « Lagywiyann i tan pou to maché » (la Guyane, le moment est venu de marcher) !
Ces slogans, chants contestataires et cris de foule fleurissent sur les murs, les banderoles, dans les bouches, résonnent en nous. En temps de crise, ils disent le mécontentement des manifestantes et manifestants et donnent lieu à des performances qui font appel aux ressources de la voix, du corps, et où, paradoxalement, le silence peut avoir sa place : le silence des manifestants de la Place Tahir, celui des sourds qui scandent en silence.
Ce numéro explore ces performances orales polyphoniques qui constituent un élément incontournable de l’action contestataire et militante, et où il s’agit de faire « nous ». Des rues de Bruxelles, de Paris, de Kourou et de Oaxaca, en passant par l’Argentine, le Brésil, le Chili ou l’Italie, il souhaite redonner de l’épaisseur à l’expression donner de la voix : essayer de se faire mieux entendre, et notamment par les puissants, cela passe par l’investissement physique, phonatoire, sonore des espaces où se produisent les corps manifestants. De là découle un programme d’exploration pour les anthropologues spécialistes de l’oralité, ayant à cœur de décrire les mots de ces colères dans toutes leurs dimensions, sémantiques et matérielles.