11/12/2023. Soutenance de thèse de doctorat de Thomas JONAS « La pensée et son ombre - Voyage au bord du langage avec Walter Benjamin, Georges Batailles, Maurice Blanchot, Pascal Quignard »

Thomas Jonas soutiendra publiquement de thèse de doctorat intitulée 

« La pensée et son ombre - Voyage au bord du langage avec Walter Benjamin, Georges Batailles, Maurice Blanchot, Pascal Quignard »

Sous la direction de Bruno Clément

Lundi 11 décembre 2023 à 14h, en salle MR005 - Maison de la recherche

 

Résumé de la thèse :

La thèse que nous défendons est qu’il est possible d’approcher, par un travail d’écriture, la dimension fictionnelle propre et intrinsèque au réel. Soit d’établir une phénoménologie du non-vrai, dont nous pensons trouver les éléments constitutifs chez un certain nombre d’auteurs qui interrogent les images à travers leur travail d’écriture, à commencer par la première d’entre elles : l’ombre, dont elles procèdent toutes.

A partir de l’article La réalité et son ombre de Levinas, il s’agit de présenter une définition phénoménologique de « l’ombre » : elle est l’image projetée de tout objet, à la fois sa caricature et la trace inconsistante de son absence. L’ombre en tant qu’elle appartient au réel est sa part d’irréel, la non-vérité que contient la vérité, la fiction du monde qui habite le monde. En résumé, et de façon paradoxale : elle est l’être du non-être.

L’ombre peut être abordée par les oeuvres de quatre auteurs qui s’en sont particulièrement préoccupés : Walter Benjamin, Georges Bataille, Maurice Blanchot, Pascal Quignard. Leur rapprochement est à la fois contextuel (ils appartiennent à un moment de l’histoire littéraire et philosophique marqué par la guerre et son expérience traumatisante) et biographique (un grand nombre d’influences directes et indirectes les relient, ainsi qu’une expérience personnelle de la mort).

De même que Pascal Quignard affirme de l’image qui manque dans toute image : « parler de l’image manquante, ce n’est pas une image. Et il ne s’agit pas non plus d’une façon de parler », de même nous voudrions montrer que parler de l’ombre du réel, ce n’est pas une image ; qu’il y a réellement du non-être, du hors-langage dont il est possible de tirer une pensée qui s’incarne dans l’écriture, par des chemins multiples. Il ne s’agit pas uniquement de procéder à une exégèse de nos quatre auteurs au prisme de cette idée, mais aussi de penser l’ombre avec et à partir de Benjamin, Bataille, Blanchot, Quignard.

Dans une première section, nous analyserons en quoi les images sont dans le réel, c’est-à-dire en quoi le réel contient à la fois le vrai et le faux, l’objet et son reflet. Cela nous amènera à considérer, dans une seconde section, le rapport entre l’image et le récit, et à fonder par là une nouvelle temporalité qui ouvre à une nouvelle historicité, soit à une façon particulière de faire récit. Cette dimension recoupe le champ de l’expérience, c’est-à-dire la mise en récit du vécu, et interroge le « je » qui s’y formule : celui-ci se dissout dans le monde-image, s’ouvre à la dimension mystique d’une extase sans révélation, à la perspective d’une « pensée épique », comme la vérité peut avoir un caractère épique chez Benjamin.