25/04/2024-13/06/2024. Cycle de rencontres "Épistémologies critiques et actualité de la recherche en littérature"

Argumentaire pour le cycle de rencontres "Épistémologies critiques et actualité de la recherche en littérature"

Avec le reflux, entamé dans les années 80, des grands paradigmes épistémologiques qu’ont été le structuralisme et le formalisme, la recherche en littérature semble depuis rythmée par une série de virages ou de tournants tantôt désignés comme linguistique (Rorty, 1967), pragmatique ou anthropologique.

En tant que jeunes chercheur.euses, nous sommes conscient.es du fait que nos attitudes et nos gestes face aux textes littéraires sont largement « encodés » par des héritages scolaires et institutionnels, et qu’ils sont traversés par des rapports de force internes au champ universitaire qui diffusent habitus, impératifs et doxa venant informer nos conduites et nos discours sur "la littérature".

Nous avons souvent le sentiment de piocher méthodes et concepts dans une grande boîte à outils hétéroclite sans pour autant toujours disposer du recul théorique nécessaire pour appréhender leur valeur historique, leurs présupposés idéologiques, ainsi que leurs enjeux politiques.

Or, c’est en faisant acte de réflexivité critique d’une part, et en se rendant attentif.ves à la recherche en train de se faire d’autre part, que nous souhaitons donner suite à cette interrogation collective à propos de la portée épistémologique et politique des approches contemporaines du littéraire.

C’est dans cette perspective que nous avons été amené.es à questionner l’efficacité, l’axiologie et les croyances véhiculées par certains paradigmes en circulation, qu’ils soient hégémoniques (approche internaliste du texte, herméneutique, formalisme), en voie d’institutionnalisation (pragmatisme, écopoétique) ou encore marginaux (savoirs situés, approches matérialistes).

Nous avons plus particulièrement choisi de mettre en résonance quatre approches de la littérature qui l’inscrivent tour à tour dans une épistémologie du positionnement, une approche matérialiste, une perspective écoféministe et une démarche pragmatiste. De quelle(s) charge(s) politique(s), comparativement à d’autres méthodologies, ces épistémologies sont-elles porteuses ?

Quels déplacements permettent-elles d’opérer dans nos manières d’aborder la littérature en général et les textes en particulier ? Comment peuvent-elles nous aider à faire de la recherche littéraire une activité dissensuelle ? Comment garantir un maniement pertinent de leurs concepts sans les figer dans des réflexes théoriques vidés de toute vitalité critique ? Et enfin, comment sont-elles susceptibles d’affecter nos pédagogies ?

Tout en cherchant à dégager les lignes de force heuristique et politique de ces approches, nous voudrions simultanément en articuler les faiblesses et les mésusages possibles : toute approche charrie, au cours de sa dissémination académique et de ses reformulations successives, son lot de passages obligés, de poncifs et de fausses évidences qu’il faudra bien réussir à départager. Identifier les usages possibles de ces quatre positionnements épistémologiques nous engage donc à reconnaître les transformations qu’ils impliquent dans nos habitudes de chercheur.euses, à dégager les éventuelles affinités et points de convergence possibles, sans pour autant lisser les contradictions et désaccords mis au jour au sein de pratiques de recherche hétérogènes.