06/02/2024. DOCTORIALES FABLITT 2023-2024

6 FÉVRIER 2024, 14H-18H

AMPHITHÉÂTRE DE LA MAISON DE LA RECHERCHE

 

Organisation : Lénaïg Cariou, Axelle Delagorce, Julie Maklygina, Emerica Daniel Moussavou

Contacts : lenaig.cariou@gmail.com ; axelledelagorce@gmail.com

Lien Zoom : https://univ-paris8.zoom.us/j/97114208901 ?pwd=MFpwcVFETzZNc01Vc3VRM3prWnUrQT09

 

PROGRAMME

 

Panel 1

Modération : Lénaïg Cariou & Emerica Daniel Moussavou

14h30 : présentation d’Adrien Brussow

Politique de la littérature à l’épreuve des Gilets jaunes

14h50 : présentation de Simone Thiaw (en visio)

Les différentes conceptions du destin dans la fiction romanesque négro-africaine d’expression française

15h10 : échanges

 

15h30 : pause

 

Panel 2

Modération : Axelle Delagorce & Julie Maklygina

16h : présentation de Lénaïg Cariou

Orange Export Ltd. : le minimalisme en poésie ?

16h20 : présentation d’Augustin Leroy (en visio)

Le théâtre des tables à Jersey : auteur(s), personnages et fantômes

16h40 : échanges

 

17h15 : présentation collective de l’atelier des doctorant.es et du travail mené autour de plusieurs grands champs contemporains de l’épistémologie critique

(Adrien Brussow, Axelle Delagorce, Elvina Le Poul, Laurane Travagli)

 

18h : fin des doctoriales

 

PRÉSENTATION DES INTERVENTIONS

 

Adrien Brussow

3e année de thèse

Directeur : Lionel Ruffel

Politique de la littérature à l’épreuve des Gilets jaunes

Mon travail de thèse porte sur les manières dont le mouvement des gilets jaunes a participé à reconfigurer une politique de la littérature. En effet, les gilets jaunes apparaissent comme l’acmé d’une séquence politique qu’on peut faire débuter en 2016 autour des résistances contre la loi Travail. Cette séquence politique peut rapidement être caractérisée par l’auto-détermination, le refus de toute représentation et autorité politique, et par la mise en crise des catégories d’analyse traditionnelles du politique. Dès lors, comment envisager en situation les opérations, gestes et stratégies déployés par les écrivain.es ou apprenti.es écrivain.es pour s’inscrire à l’intérieur, en bordure ou en marge de cette séquence ? Comment ces positionnements littéraires neutralisent, réinventent, déplacent les grammaires de l’engagement littéraire ? En quoi le mouvement des gilets jaunes engage les écrivain.es à redéfinir leurs modes d’actions littéraires, leurs postures et les formes de leur intervention ? On proposera un parcours transversal de deux corpus dont l’articulation cristallise des enjeux épistémologiques et méthodologiques : un premier qui regroupe des textes plutôt analytiques qui mettent en scène une véritable bataille interprétative du mouvement ; un deuxième qui s’apparente plutôt à une "littérature sauvage" en rapport organique avec le mouvement. La présentation sera l’occasion de présenter un certain nombre de partis pris et d’exposer des enjeux méthodologiques saillants.

 

Simone Thiaw

3e année de thèse

Directeurs : Mamadou Ba (Université Cheikh Anta Diop de Dakar) et Cheikh Mouhamadou Soumoune Diop (Université Assane Seck de Ziguinchor)

Doctorante invitée à Paris 8, au sein de l’équipe de recherche Fablitt

Référente à Paris 8 : Françoise Simasotchi-Bronès

Les différentes conceptions du destin dans la fiction romanesque négro-africaine d’expression française

Le texte romanesque est généralement pris pour le reflet des cultures et des réalités et naturellement le roman négro-africain n’en constitue pas une exception compte tenu du fait qu’on lui attribue assez souvent la fonction de témoignage et de miroir. Dans cette dynamique le fait d’aborder le destin s’inscrit, à notre sens, dans une certaine logique de besoin de la part de romanciers négro-africains d’exposer des philosophies de vie, des modes de pensées et d’agir qui suggèrent toute une symbolique par rapport au sens même des œuvres et aux messages que ces derniers veulent délivrer. Ainsi, écrire sur le destin est-il une manière d’exposer sa vision du monde ? Comme élément moteur qui meut et met en mouvement le texte, le destin se trouve inscrit au cœur de romans africains auxquels il donne unité et sens. Les textes qui seront étudiés dans cette thèse favorisent des regards croisés portant sur les différentes conceptions liées à cette notion mais également en fonction de certains paramètres (culturel, religieux, géographique et en rapport avec l’époque à laquelle se situe la représentation). Outre la différence géographique, nous notons dans notre corpus, l’appartenance des romans à plusieurs époques historiques. Certaines œuvres ont pour cadre l’époque coloniale, d’autres la période postcoloniale (période des indépendances et période contemporaine). Cette particularité a bel et bien son importance dans l’étude que nous comptons mener dans ce travail. Le centre de pertinence de ma recherche s’articule autour des différentes manifestations du destin dans les différents récits. Il s’agira de montrer que la mise en scène du destin dans la fiction romanesque est loin d’être fortuite et qu’elle a bel et bien une signification, aussi bien du point de vue des faits relatés que du point de vue des stratégies narratives adoptées. Plus précisément, il nous reviendra de réfléchir sur certaines modalités de représentation du destin qui tantôt apparait sous l’angle d’irréversibilité, tantôt sous celui de la liberté d’action du personnage dans l’orientation de sa destinée.

 

Augustin Leroy

2e année de thèse

Directeur.ices : Pierre Bayard, Emmanuelle Berger

Le théâtre des tables à Jersey : auteur(s), personnages et fantômes

Je compte présenter la réception du Livre des Tables, ouvrage publié en 2014 à partir des procès-verbaux et des Cahiers tenus par les participants aux séances spirites qui ont jalonné l’exil de Victor Hugo à Jersey, pour ensuite suivre la piste avancée par Daniel Sangsue, pour qui le Livre des Tables relève davantage de la scène théâtrale que de la retranscription objective d’une conversation avec les esprits. En accréditant cette hypothèse, il me semble possible d’historiciser l’activité du "croire" pour des romantiques de gauche au milieu du XIXe siècle français, tout en distinguant différents paradigmes interprétatifs : faut-il considérer que les interlocuteurs des Tables sont effectivement des fantômes et que les lecteurs lisent effectivement un dialogue entre morts et vivants ? S’agit-il de supposer que Hugo en est absolument l’auteur, c’est-à-dire une figure majoritaire et sacrée, et que les esprits venus à la Table ne sont que les projections fantasmatiques du grand poète romantique ? Ou peut-on, comme je le défendrai in fine, appréhender ce théâtre des tables parlantes comme une scène d’écriture collective où la communauté en exil (le père, mais aussi la femme, les fils, la fille, les amis) élabore inconsciemment un jeu de paroles, une scène, dont elles et ils sont non seulement les autrices et les auteurs, mais aussi les personnages. Ainsi lu, le Livre des Tables deviendrait alors une pièce de théâtre où morts et vivants, personnages et auteurs, fiction et réalité, s’assemblent et jouent autour d’une table, c’est-à-dire autour d’un accessoire théâtral symbolisant l’espace domestique et les conflits d’hospitalité.

 

Lénaïg Cariou

4e année de thèse

Directrices : Martine Créac’h (Université Paris 8) et Abigail Lang (Paris Diderot)

Orange Export Ltd. : le minimalisme en poésie ?

Mon travail doctoral explore une contre-modernité poétique, longtemps éclipsée par les nombreuses études universitaires consacrées à la modernité lyrique : la « modernité négative ». Née à la fin des années 60, autour de la maison d’édition Orange Export Ltd. fondée par une peintre et un poète, Raquel Lévy et Emmanuel Hocquard, cette modernité « apophatique », inspirée des poètes objectivistes états-uniens, vigoureusement « anti-lyrique », contribue à cliver le champ poétique de la seconde moitié du XXe siècle – clivage que Nathalie Quintane, au tournant des années 2000, appelant à dépasser cette bipartition, a ironiquement résumé par l’expression : « monstres et couillons » (lyriques, et anti-lyriques). A la croisée d’influences poétiques et philosophiques diverses, entre matérialisme antique, théorie littéraire et héritage mallarméen, la poésie des poètes d’Orange Export est marquée par une raréfaction du texte sur la page qui laisse place à de larges blancs typographiques. C’est une poésie qui met au centre les questions de matérialité du livre et de l’écriture, interrogeant ainsi la question du support, et qui tend à penser la mise en page comme une mise en scène.

Cette interrogation sur la portée du discours poétique perçu comme une « copie » du réel, une répétition d’un discours toujours déjà énoncé dont l’auteur serait absent, a été désignée par les poètes de la modernité comme recherche « littérale ». Je propose de confronter cette étiquette de « littéralité » au contact de celle, empruntée à l’histoire de l’art, de « minimalisme », qui permet de repenser ce moment conceptuel de l’histoire poétique en prenant en compte les influences, centrales dans leur démarche, des arts visuels.