2017-2018. Séminaires du CIPh (Collège International de Philosophie)

http://www.u-plum.fr/actualites/318-les-activites-du-ciph 

Le Collège International de Philosophie (CIPh), composante de l’UPL, organise plusieurs conférences, séminaires, colloques, journées d’études, forums et débats.

Attention : il faut s’inscrire pour les différentes manifestations. Pour connaître les modalités d’inscription, merci de cliquer pour chaque événement sur le lien ’En savoir plus’. 

Conférence : Ivan Jablonka - L’avenir des sciences humaines

Parce qu’elles sont attaquées par des démagogues de droite et de gauche, les sciences humaines doivent-elles se complaire dans l’hyperspécialisation ? Au prétexte qu’elles sont modernes sur le plan de la méthode, doivent-elles refuser de s’interroger sur leur forme ? La « modernisation » des sciences humaines consiste à réfléchir, collectivement et expérimentalement, aux nouvelles formes littéraires, éditoriales et médiatiques que pourrait prendre, demain, l’intelligence des sociétés passées ou présentes. On peut décloisonner les disciplines, favoriser la rencontre entre histoire et littérature, sociologie et bande dessinée, sans jamais transiger sur la rigueur intellectuelle. En savoir plus

Date et heure  : jeudi 18 janvier 2018, 18h30-20h30 

Lieu  : Salle des Mariages, Mairie du 4ème arrondissement, 2 place Baudoyer, 75004 Paris 


 

Séminaire : Marie Gil - Les fins heureuses

Il y a eu à l’origine de cette réflexion un sentiment d’inadéquation et de malheur du lecteur face à des « fins heureuses » qui, pour nous, étaient tragiques : des fins sublimes, chrétiennes, absolues, que nous aurions voulu récrire, et nous nous disions qu’il ne devait y avoir de fin heureuse que pour le lecteur, et non pour la morale. Dante et Béatrice, Héloïse et Abelard, Lancelot et Guenièvre, Roméo et Juliette, Garance et Baptiste, Miguel et Anna, Rodrigue et Prouhèze, et surtout Aurélien et Bérénice. Ces amours pures, enfantines, incestueuses, parfaites, nous leur voulions la même fin que les contes de fées. C’est à ce moment-là que nous nous sommes aperçus que les personnages de conte de fée n’existaient pas. Ils n’ont jamais vécu à l’intérieur du lecteur, ils ne sont qu’une structure. Et la structure qu’ils incarnent est celle de l’amour impossible, d’un deus ex machina ironiquement tendu devant le lecteur pour mieux lui rappeler les tragédies de la prédestination. Dès lors, nos histoires chrétiennes sublimant l’amour terrestre en amour mystique étaient les seules capables d’incarner l’idéal amoureux ici-bas, car les mariages de comédies et de contes n’étaient qu’une fin, et non un début. La fin heureuse était donc une fin malheureuse de l’histoire, une fin mystique ou morale, et non un mariage – les deux coïncidant parfois, comme dans Persuasion de Jane Austin. Il nous fallait donc tout reprendre à zéro, sur nouveaux frais, en distinguant les « fins à mariage » et les « fins morales », pour redéfinir le Happy Ending et son essence.
Nous envisagerons cette année les fins heureuses dans la comédie hollywoodienne.

Thèmes des séances : 20/12 : La question de la fin ; 17/1 : Bonheur et mariage ; 24/1 : Carthasis populaire : facilités des fins heureuses ? 

En savoir plus 

Dates et heure  : mercredi 20 décembre 2017, mercredi 17 janvier 2018 et mercredi 24 janvier 2018, 18h30-20h30 

Lieux  : Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 25 rue de la Montagne Geneviève, 75005 Paris / Lycée Henri IV, 23 rue Clovis, 75005 Paris 


 

Séminaire : Philippe Mesnard - La place du témoin 

Il s’agit d’interroger ce que « témoin », « témoignage » et « transmission » signifient sans limiter leur usage à ces trente dernières années. Pour cela, ce séminaire sera structuré par les questions suivantes : quel type de rapport les procédures de normalisation de la mémoire entretiennent-elles avec le témoignage ? En quoi la littérature et les arts fournissent-ils à l’expression du témoin et à la transmission testimoniale un cadre spécifique qui diffère des cadres religieux, juridiques ou historiographiques auxquels témoins et témoignages sont souvent associés ? Peut-on considérer que d’autres formes et modalités d’expression ont, à travers l’histoire, rempli une fonction testimoniale en étant, à d’autres époques ou dans d’autres sociétés, désignées autrement ?

Intervenants :
- 15/11 : Luba Jurgenson (Université Paris-Sorbonne) : Voix testimoniale du poète, voix poétique du témoin 
- 13/12 : Christian Delage (IHTP) : Archives audio, audiovisuelles, documentaires, où se trouve le témoin ?
- 10/1 : Philippe Mesnard : À travers l’histoire

En savoir plus

Dates et heure  : mercredi 15 novembre, mercredi 13 décembre 2017, mercredi 10 janvier 2018 et mercredi 24 janvier 2018, 18h30-20h30 

Lieu  : Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 25 rue de la Montagne Geneviève, 75005 Paris 


 

Séminaire : Laura Odello et Peter Szendy - Débords - du cinéma 

Un « débord », indique le Littré, c’est la « partie d’une route qui borde le pavé ». En se laissant guider par ce mot, notre séminaire voudrait d’abord marquer ce qui lie le cinéma à la route, à ce « frayage permanent » du regard dont parle Jean-Luc Nancy dans L’Évidence du film. Si le cinéma est essentiellement routier, qu’arrive-t-il sur son débord ?
Mais cette question se complique immédiatement si l’on pense que le cinéma n’a justement pas de bords identifiables, qu’il est au fond « le nom du monde », comme l’écrit Rancière dans La Fable cinématographique. Ce qu’il faut alors tenter de saisir, c’est le passage du cinéma hors de lui-même : un passage que Deleuze, dans sa « Lettre à Serge Daney », voyait se produire avec la télévision, mais auquel on assiste aussi dans le cinéma dit « élargi », qui s’expose dans d’autres lieux et se dissémine sur d’autres écrans, du musée aux téléphones portables en passant par l’art vidéo.
Toujours selon le Littré, le « débord » désigne l’« éruption, en parlant des humeurs ». De fait, c’est aux sécrétions suscitées par les films que ce séminaire prêtera également l’oreille : aux larmes, au sang et au sperme, à ces fluides corporels dont le cinéma serait à la fois la production et la gestion, tout particulièrement sur ses bords, c’est-à-dire dans ces genres souvent considérés comme marginaux que sont le mélodrame, l’horreur et la pornographie (les body genres dont parle Linda Williams).
« Débord », dit encore le Littré, c’est un « terme de monnaie », à savoir la partie d’une pièce entre la légende et la circonférence externe. Et c’est enfin la dimension économique des excès du cinéma que notre séminaire tentera d’interroger : là où, comme l’indiquait Lyotard dans L’acinéma, il résiste à « l’élimination des mouvements aberrants », là où il s’approche de la pure dépense bataillienne en se portant vers « l’immobilité » ou « l’excès de mouvement ».
Sous le titre Débords — du cinéma, il s’agira en somme de tous les bords du cinéma, et de ses débordements. En savoir plus

Dates et heure  : vendredi 15 décembre, mardi19 décembre 2017, mercredi 10 janvier 2018 et mercredi 17 janvier 2018, 19h-21h

Lieu  : Maison de l’Amérique latine, 217 boulevard Saint-Germain, 75007 Paris


 

Séminaire : Mara Montanaro - Géographies féministes et temporalités interrompues 

Le séminaire se propose de travailler sur une généalogie des concepts de la philosophie politique contemporaine qui se sont révélés incontournables pour les mouvements et les théories féministes, notamment depuis la fin des années soixante. Lors des séances dont se composera ce séminaire auxquelles participeront des philosophes, sociologues, politistes, écrivaines et artistes féministes et militantes, on réfléchira sur la genèse ainsi que sur l’actualité (théorique et politique) des concepts tels que libération, pratiques de résistance, subjectivité, expérimentation, vulnérabilité, sexe, race, classe, subalternité, frontière, marge, etc.). Une telle démarche impliquera de mettre en évidence la manière dont un certain nombre d’outils conceptuels qui trouvent leur cadre d’origine dans la philosophie du XXe siècle ont été empruntés, réélaborés, utilisés dans les théories et dans les pratiques politiques féministes et ont permis de forger des vocabulaires spécifiques (et qui souvent se sont d’autre part hybridés) comme celui du féminisme matérialiste français (Guillaumin, Delphy, Mathieu, Wittig) ; du féminisme poststructuraliste et postcolonial (Haraway, Butler, Mahmood, Spivak), du Black feminism (b. hooks, Lourde, Davis) et du féminisme décolonial (Anzaldua, Alarcón, Moraga, Lugones). À partir de ce cadre, nous nous focaliserons davantage sur la manière dont les mouvements et les théories féministes ont redéfini les cadres conceptuels et d’action politique par rapport, d’une part, à la matérialité de l’espace géographique et, de l’autre, à l’histoire et la temporalité des féminismes. Par ce biais, nous analyserons l’expérimentation des nouveaux langages politiques et l’élaboration d’épistémologies situées de la résistance féministe en mesure d’offrir « une conceptualité de la subjectivité » politique plurielle et en devenir. En savoir plus

Dates et heure  : jeudi 23 novembre, jeudi 7 décembre 2017, 19h-21h

Lieu  : Lycée Henri IV, 23 rue Clovis, 75005 Paris 

 


 

SÉMINAIRE : ANGÉLICA MONTES MONTAYA ET PAULINE VERMEREN : PHILOSOPHIE CRITIQUE DE LA RACE ET FRONTIÈRES DE LA CITOYENNETÉ (III)

Le projet d’une philosophie critique de la race en France part d’une réflexion sur les conséquences des rapports de domination fondés sur les principes raciaux de l’époque moderne et leur interprétation actuelle. Il s’agit de faire de ce projet un questionnement sur la reconfiguration de l’espace politique et social par des altérités nouvelles et critiques, hors de toute représentation raciale, exotique et coloniale, et une interrogation sur les possibilités de réalisation des discours venant de la philosophie dans le monde commun. Cette approche fait émerger des acteurs individuels et collectifs ou encore des sujets politiques nouveaux qui affirment leur subjectivité à partir d’une approche postcoloniale, conflictuelle et transversale de la question de la race. Les chemins utopiques proposés par une philosophie critique de la race exploreraient d’autres possibilités d’identification dans un contexte contemporain d’ébranlement des frontières de la démocratie et de la citoyenneté. Pour cette nouvelle année, nous souhaitons mettre l’accent sur la notion de citoyenneté afin d’analyser en quoi le projet d’une philosophie critique de la race peut faire émerger la réinvention d’espaces, de sociabilités, de discours politiques et de pratiques sociales ainsi que d’autres manières d’appréhender les subjectivités individuelles et collectives. Il s’agit de montrer comment, au sein de ce projet, la notion même de citoyenneté est ou non soumise à un regard critique qui interroge les fondements même de la construction de(s) citoyenneté(s) dans des espaces de la politique à l’intérieur desquels des altérités nouvelles réclament d’être reconnues en droits. En savoir plus

Dates et heure  : jeudi 16 novembre, jeudi 14 décembre 2017 et jeudi 18 janvier 2018, 18h30-20h30 

Lieux  : Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 25 rue de la Montagne Geneviève, 75005 Paris / Lycée Henri IV, 23 rue Clovis, 75005 Paris 


 

Séminaire : Isabelle Alfandary et Monique David-Ménard : Transferts et media : de la cure à la culture (II)

Psychanalystes et philosophes ont insisté sur le recours à des métaphores ou des modèles technologiques pour exposer le rapport entre les instances conscientes et inconscientes de la mémoire et de la pensée : c’est le cas du modèle photographique de l’Interprétation du rêve et de la note sur « Le bloc-notes magique » de Freud. Cependant, cette réflexion épistémologique sur les moyens dont use la psychanalyse ne prenait pas en considération l’acte sur lequel repose la possibilité des modifications subjectives qui interviennent dans la clinique : la répétition, dans les conditions particulières de la cure qui est, elle, un artefact, de ce qui a produit les symptômes qui empêchent de vivre. Le projet de notre séminaire est de déterminer comment une analyse du transfert comme opération spécifique, transformant en modes d’existence moins figée la répétition spontanée et sauvage de ce qui produit des symptômes, rencontre certaines réflexions récentes :
- sur la technicité des media : ne faut-il pas dire qu’aucun sujet ne se constitue sans media qui transforment ses sens et ses « communications » ? Freud n’insistait-il pas sur le fait que dans le rêve nos oreilles seules restent ouvertes, et que le fantasme est une combinaison après coup de choses entendues et vues ? 
- sur la capacité des œuvres de la culture et les pratiques artistiques, cinématographiques ou littéraires à prendre en charge les forces destructrices à l’œuvre dans la vie sexuelle et la vie sociale et à rendre visible le champ de forces que l’opération dénommée « transfert » implique. La théorie psychanalytique du transfert qui fonde la relation analytique et atteste l’existence de l’inconscient mérite d’être affrontée, confrontée à d’autres théories et pratiques de nature transférentielles.
La première année du séminaire a permis de circonscrire le phénomène du transfert, distinct et articulé au rêve par Freud, et les conditions de son repérage et de son maniement dans le cadre de la cure. La question du transfert comme medium sera poursuivie et interrogée plus avant dans le deuxième volet du séminaire notamment au prisme de la théorie des media (Medientheorie). En savoir plus

Dates et heure  : mercredi 22 novembre, mercredi 29 novembre, mercredi 13 décembre 2017, mercredi 10 janvier, mercredi 17 janvier, mercredi 31 janvier 2018, 18h30-20h30 

Lieu  : Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 25 rue de la Montagne Geneviève, 75005 Paris 


Séminaire : Gaetano Chiurazzi - La spéculation : entre philosophie et économie 

Qu’ont en commun la spéculation philosophique et la spéculation économique ? Pour répondre à cette question, nous proposons une réflexion interdisciplinaire qui porte notamment sur les concepts de spéculation, équivalence, traduction et incommensurabilité. La spéculation (comme l’atteste l’étymologie, de speculum, « miroir », ou specula, « sentinelle ») est caractérisée par deux traits : la réflexion et la capacité de pré-voir, de tirer profit par anticipation, d’« aller au-delà ». Ce mouvement révèle la structure métaphysique de toute spéculation. Sa déconstruction ne peut que partir, alors, de la critique kantienne de la métaphysique, notamment de l’argument ontologique, et de la fonction qu’y jouent les étonnants exemples des « cent thalers » et du « marchand ». 
L’économie financière est censée s’émanciper de la logique odysséique de la vérité, c’est-à-dire de la nécessité de revenir à un lieu ou à quelque chose qui arrête la circulation et l’échange. Toutefois, on peut montrer que cela n’implique pas une émancipation de la logique de l’équivalence, cette économie portant sur le principe de l’échangeabilité, ce qui annule dans les faits toute différence. La « Bourse », lieu de spéculation par excellence, s’érige au « dictionnaire absolu » de l’échange, autrement dit de la traduction par la monnaie, unité de mesure universelle. Afin de mettre en lumière la structure différentielle de tout langage – ce qui questionne le concept même de vérité comme adaequatio – nous nous attachons à mener une réflexion sur les défaillances de l’échange linguistique qui émergent dans la pratique de la traduction, c’est-à-dire sur les phénomènes d’incommensurabilité qui rendent impossible toute équivalence. Telle est pour nous la fonction des phénomènes irréductibles au système d’échange tels que les « résiduels » ou « excédants » de la valeur d’usage (Marx), du besoin (Aristote) et du don (Ricœur, Derrida). En savoir plus

Dates et heure  : jeudi 7 décembre, jeudi 21 décembre 2017, jeudi 11 janvier et jeudi 18 janvier 2018 - 19h-21h 

Lieu  : Lycée Henri IV, 23 rue Clovis, 75005 Paris